OCTOBRE I592.                                 277
nans (qui se coinmeqçans fort à lasser, s'assembloient pour aviser les moïens^ d'envoyer vers le Roy le semon-dre de.se faire catholique) d'un faux bruit qui s'esleva fort grand à Paris ce jour et em un instant, que le Bearnois estoit pris : lequel fust tellement desguisé et confirmé par les portenouvelles des Seize et des prédi­cateurs, qu'il se trouva ce jour un grand amas de populasseaux halles qui l'y attendoit, persuadée qu'on emmeneroit ce jour le Bearnois à Paris prisonnier. Mesmes y eust quelques simples femmes dévotes qui jurèrent dés le matin ne boire ne manger qu'elles ne l'eussent veu, et en jusnerent jusques aux estoiles.
Le lendemain, qui estoit le mardi, il ne s'en parloit plus à Paris; mais bien du fort de Gournai, que le duc de Maienne avoit pris et ruiné, et desfait tous les Suisses, dans le sang desquels on estoit jusques au cul.
Le mecredi, on ne parloit plus du duc de Maienne ni du fort; mais qu'on alloit donner bataille, et que le Bearnois estoit malade à la mort.
Sur quoi on redoubla à Paris les prieres et proces­sions, qui eurent telle vertu que le samedi dix-septième arrivèrent à bon port dans la ville quarante mille escus de l'argent d'Hespagne : qui estoit la bataille qu'on vouloit donner. Le Bearnois aussi ne se mouroit plus, mais estoit malade d'une maladie de bourse : mal or­dinaire et fort commun de ce temps.
M. Rose, qui preschoit à Saint-Germain le Vieil, où estoient les prieres, dit que pendant que ceste bonne roine, ceste sainte roine (entendant la roine de Navarre) estoit enfermée entre quatre murailles, son mari avoit
un haras de femmes et de p......; mais qu'il en avoit
esté bien payé, etc.
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